2014 02 08
Atelier d’écriture, médiathèque de Lisieux
Animé par Annie Bons
1) Thème sensoriel :
Le goût.
Anne Marie passe dans les rangs et nous fait goûter, les yeux fermés, un aliment.
Consignes :
Décrire la sensation, ce que nous évoque l’aliment, ce qu’on a ressenti les yeux fermés.
Carré ? Tiens, je voyais un truc tond. Forcément : j’imaginais déjà le saucisson de chèvre sauvage, ou plutôt de bouquetin. Une tranche sèche et dure déposée dans le creux de mes mains. Quelques grains de poivre, dispersés comme des petits cailloux, quelques grumeaux mous, amas graisseux localisés, mais bon, le bouquetin, ça court, ça saute, ça doit pas être bien gras au final. J’anticipais une saveur sèche et piquante. Déception ! Une masse légère et spongieuse flotte dans le creux de mes paumes. La forme ? Un vulgaire rectangle, quelque chose de démoulé, tranché de toute évidence. Le goût ? Pouah, sacrilège ! C’est sucré, pas salé ! Moi qui ne jure que par le salé. Allez, Isa, soit polie, fais plaisir à la dame, mange-le ton cake. Car il s’agit bien de cela, j’en suis sûre maintenant, un cake. Ouvre les yeux. Oui, un cake. Fade, plat, qui me nargue avec ses angles et sa rectitude, y’a que ça qui rappelle les rochers des falaises sur lesquelles grimpent joyeusement les bouquetins. Bon, un petit effort, c’est pour une noble cause, encore une bouchée. Yeux ouverts et narines fermées.
2) Thème géographique :
La montagne.
a) Ecrire un souvenir-fiction de montagne.
La montagne, ça m’évoque directement Barcelonnette, ce village perdu au milieu des Alpes, là où vit ma mère. Ce lieu inaccessible et enclavé, peuplé de marmottes, de vaches en migration estivale, de brebis chargées de clochettes, de bergers crasseux, d’écolos retardés et de bobos post modernes. Avec ou sans le saucisson de bouquetin pré cité. Ca m’évoque aussi le Marguareis, le Castel Fripi, le col du Seigneur, à la frontière italienne. Cet endroit reculé de tout où nous allions passer les vacances, en famille, respirer le bon air pur et nous ennuyer ferme du 1° juillet au 15 août. La montagne, c’est forcément les premières leçons d’escalade, avec les copains. La corde qui râpe et tranche les doigts. Les muscles tétanisés qui se crispent de crainte face au vide. Les belles épaules de Franck, premier de cordée, mais faut pas rêver ma grande, il est pas pour toi. Et puis, tout en haut, après des heures de douleur, de peur et de sueur, elle était là, elle m’attendait, offrant à mon regard de jeune fille émerveillée sa rare corolle : la fleur d’edelweiss. Sauvage, interdite, visible aux seules personnes méritant ce face à face. Fleur protégée, en perdition, reculée sur son rocher inaccessible au commun des mortels. Ce que nous n’étions pas, nous, valeureux alpinistes en herbe.
Franck alors, me cria : pousse-toi un peu, je vais cueillir quelques brins. C’est bon pour le génépi.
Sacrilège au couteau. J’entendis l’étoile des neiges hurler, en vain, bien sûr.
Je cessai de fantasmer sur le beau torse de Franck à partir de ce jour.
b) On envoie 4 cartes postales de montagne à 4 destinataires différents.
Devant, une image de montagne (à gauche dans le tableau)
Derrière, le texte : on peut écrire à la personne, ou simplement, lui décrire la carte postale au dos (à droite dans la tableau)
Image :
Fleur d’edelweiss
Cher Franck,
J’ai appris par Karine et Félix ton mariage avec Chloé, cet été.
Bien que n’ayant pas été invitée à la cérémonie, je tenais tout naturellement à t’envoyer mes sincères vœux de bonheur pour cette nouvelle vie conjugale.
Au passage, je tenais également à te féliciter pour ce poste de chercheur au CNRS que tu as décroché auprès du département d’écologie. Te voici maintenant détaché au parc du Mercantour. J’espère que ton ancienne passion pour le génépi s’est calmée. Au verso de la carte, une photo qui te rappellera une des tes anciennes victimes. Sans rancune. Léa.
Image :
Aiguilles montagneuses classiques
Ma petite chérie,
Comment vas-tu ma fifille d’amour ?
Voici une image de la montagne qui domine le village où je fais mon stage.
Mamie s’occupe-t-elle bien de toi ? T’emmène-t-elle à la piscine ? Pense à bien mettre tes claquettes pour ne pas attraper de champignons aux pieds et de la crème solaire pour ta jolie peau si blanche. As-tu fait tes devoirs d’anglais en ligne sur le site je-bosse-pendant-les-vacances.com sur lequel je t’ai inscrite ?
Smac. Smac. Ta maman qui t’aime et qui t’adore.
PS : Mamie te fera sûrement son fameux gâteau de Savoie. Même si tu n’aimes pas, mange-en une part, et pense à bien la remercier.
Image :
Marmotte en gros plan
Salut Momo,
T’as vu la belle grassouillette qui te salue ? On dirait Josette au garde-à-vous devant le patron. Et t’as vu ses dents jaunes et longues ? Ben là, c’est un peu ta gueule que ça me rappelle. Profite des vacances pour te refaire un sourire, la prochaine fois, j’tenvoie un tube de dentifrice blanchissant avec la carte. Haha, sacré Momo, comme ça tu pourras inviter Josette un soir au bal du 14 juillet.
Ton pote André.
Image :
Gâteau de Savoie sur nappe vichy
Ma mémé chérie,
Comment vas-tu ? Tes rhumatismes te laissent-ils en paix en ce moment ? Arrives-tu à faire un petit tour dans le parc de la maison de retraite comme te l’a conseillé ton médecin ? Dix minutes de marche par jour, je t’en prie, fais-les, si ce n’est pour toi, fais-le pour nous, mémé. Les infirmières sont-elles gentilles avec toi ? Cette affreuse Jocelyne ne te crie plus après ? En allant chez le buraliste du village ce matin, je n’ai pu résister à l’envie de t’envoyer cette belle carte postale d’un gâteau de Savoie. Les couleurs sont si réalistes que j’ai cru revoir le tien, mémé, et redevenir une petite fille ! Tu as toujours fait le meilleur gâteau de Savoie au monde. Je passerai te voir dès mon retour de vacances.
Ta petite fille chérie, Marta.