2014 05 24
Atelier d’écriture, médiathèque de Lisieux
Animé par Annie Bons
1° sujet d’écriture :
Choisir une des 3 photos distribuées.
La décrire.
Ecrire une histoire dessus.
Durée : 30 minutes
Trois beautés début de siècle à la plage.
Trois beautés, habillées long et portant chapeau, sont adossées aux rochers, face au vent du large.
Les trois femmes, assez proches l’une de l’autre sur la photo, réunies sur ce petit promontoire rocheux au dessus d’une vase molle, prennent la pose le temps d’une marée basse. Leur reflet se devine vaguement dans les plis humides, les vaguelettes sableuses laissées par l’eau retirée. En arrière plan, flou, imprécis, se devinent la plage déserte et un ciel presque aussi pâle et gris que le sable mouillé.
Les trois belles arborent des tenues d’une autre époque, néanmoins près du corps et de couleurs gaies. Veste de maille orangée cintrée, rebord discret de même teinte sur le chapeau, pour la première beauté debout. Elle s’appuie d’un air distrait sur son parapluie refermé. La pointe de sa chaussure bicolore, blanche et marron, apparaît. Elle se tourne vers ses camarades. La seconde beauté, tout de vert vêtue, assise de profil sur son bloc de granite beige regarde l’horizon. Sa veste à pans est d’un vert émeraude qui pourrait, dans une autre saison et sous d’autres cieux, rivaliser avec la couleur de l’Atlantique. La troisième et dernière grâce enfin, de cette trilogie comme sculptée dans la roche du rivage, assise sur un cube arénique, frôle, gantée de blanc, les cristaux de quartz en perdition. Immobile dans sa robe de coton aussi blanche que ses gants, le visage protégé d’un chapeau à plis, elle semble fixer l’horizon pâle.
Le temps s’est figé, le vent ne souffle plus, les vagues arrêtent leur mouvement incessant, les couleurs sont captées dans le cadrage vertical du photographe.
Albertine se tourne vers l’artiste protégé par un drap noir, camouflé derrière l’orifice d’une chambre noire.
« Eh Marcel, faudrait voir à te dépêcher un peu, j’ai une crampe au pied ! »
La voilà qui remue intempestivement son parapluie bleu pâle assorti à la couleur du ciel, et agite la pointe de son mignon soulier. « En plus, j’mouille mes bottines de cuir, Tante Germaine va m’engueuler si je les lui fiche en l’air ».
Marcel, patient, recadre la jeunesse.
« Encore une ou deux prises, les filles, c’est bientôt la bonne, je le sens ».
« Mais ça fait une heure qu’on se les gèle et y’a rien à voir ici, même les mouettes ont foutu le camp ! » s’exclame Thérèse, la beauté vert émeraude, en tournant si violemment la tête vers le photographe que le long ruban du chapeau gifle sa camarade de gauche.
« Oh, s’énerve Marthe, la belle blanche, tu pourrais faire attention quand même ! Tu as froissé mon chapeau ! »
« Ton chapeau ? Lui répond amusée Albertine, tu veux sans doute parler de ce morceau de drap chiffonné en forme d’abat-jour qui te fait office de couvre-chef ? »
« Ne critique pas la création de ma mère, rétorque Marthe, d’un air pincé. Et oui, elle a sacrifié un vieux bout de rideau de l’ancien salon, si tu veux savoir. »
« Quand on a pas les moyens, on fait pas sa cocotte » rajoute pesamment Thérèse.
« Oh les filles, on se calme, là, je vais jamais y arriver, sinon ! Aller, un effort, c’est presque fini ! »
« On me reprendra à vouloir arranger les fins de mois » grommelle Marthe, boudeuse, tournée vers le noble horizon.
« Et moi à jouer les starlettes sur les plages de Bretagne en novembre » complète Albertine, penchée vers les deux autres.
« Et nous toutes à rêver d’une première page de magasine avec cet amateur qui ne sait pas ce qu’il veut ! » termine Thérèse, relevant élégamment le menton vers l’Atlantique.
« Clic »
Voilà ! Super ! Ça y est !! S’exclame Marcel, content de lui. Vous voilà fixées pour la postérité mes chéries !
2° sujet d’écriture :
Annie nous fait choisir un bonbon dans une corbeille remplie des bonbons de notre enfance.
Ecrire ce que cela nous rappelle, le goût, la texture, l’odeur, avant de le goûter.
Puis trouver un slogan sur ce bonbon.
Durée : 5 minutes.
Ce sera sans hésitation le nounours de guimauve. Je le tiens dans ma main et renifle l’odeur familière. Une odeur pas si ancienne que ça vu que ma fille adore elle aussi ces nounours et m’en fait acheter régulièrement. Nous engloutissons alors toutes les deux le paquet entier dans la voiture, sans pouvoir nous arrêter, jusqu’à l’écoeurement, avant même d’arriver à la maison. Le chocolat commence à fondre dans ma main. Un dernier regard, une dernière palpation de la substance qui ramollit à vue d’oeil, un dernier reniflage en trois brèves inspirations et hop, voilà la moitié postérieure du nounours coupée par mes incisives voraces, mâchée par ma bouche affamée en cette fin de matinée d’écriture et engloutie par mon estomac agité. Appareil digestif animé des gestes du boulanger, ou peut-être du pâtissier, prêt à pétrir la pâte de guimauve molle de mon enfance.
Slogan :
Sauvez les ours bruns, mangez les oursons de guimauve !
Pour chaque paquet acheté, 5 centimes reversés au WWF.