Le jus, tiède et sucré, jaillit dès la première bouchée. Quelques graines avaient coulé à la commissure des lèvres. Elle frotta sa bouche puis regarda, collées sur la serviette de papier, les graines ocres qu’entourait un halo gélatineux, teinté de vert. La tomate était délicieuse. Un mot bien fade pour décrire une avalanche de sensations. Savoureuse, tendre, charnue, elle fondait sous la langue de façon provocante. Un fruit, plus qu’un légume. Plein de caractère. Un petit air rebelle, à l’ancienne, une façon de se camper en bouche qui semblait dire : déguste-moi, ce n’est pas de nos jours que tu pourras manger quelque chose de semblable parmi mes sœurs calibrées, plastifiées et génétiquement modifiées. Moi, j’ai de la vie, je suis la vie incarnée. Moi, je suis ton passé, le concentré de l’époque où c’était mieux avant. Moi, je suis toutes les tomates du monde en une seule, l’archétype de la tomate idéale.
La vieille saisit tout cela, intuitivement, alors que la première bouchée de tomate s’attardait entre palais et papilles. Elle fixait encore les petites graines gluantes sur le papier absorbant, mais sa décision était prise. Elle recueillit avec soin les précieuses semences de la tomate noire de Crimée, un nom évocateur. Du reste, elle n’aurait pu situer la Crimée sur un atlas. Elle rinça les graines à travers un chinois puis les essuya sans parvenir à extraire la gangue gélatineuse qui s’y accrochait comme une pellicule protectrice, à la manière du mucus sur la peau d’une truite. On était en avril. Les premières tomates arrivaient déjà des pays du sud. En Normandie, c’était l’époque de planter, un peu tard, même. Tant pis, elle allait essayer. Elle transvasa les graines recueillies dans un pot rempli de terreau qui traînait sur son balcon, tassa légèrement du bout de ses phalanges ridées puis rajouta quelques millimètres du même terreau, noir et léger. Arrosa avec modération. Plaça le pot derrière la baie vitrée, au soleil, bien protégé des fraîcheurs nocturnes.
Les journées passèrent. D’élancées tigelles pointèrent rapidement leur nez, comme pressées de rattraper le calendrier d’avril. Les premières feuilles dentelées apparurent. La vieille dut, la mort dans l’âme, éclaircir sa plantation en choisissant les plantules qu’elle n’arracherait pas. Elle pinça délicatement et tira celles qui devaient être sacrifiées pour la survie des autres. Les radicules sortirent sans effort du terreau, pâles et fragiles, emportant avec elles, dans un dérisoire réflexe de survie, quelques grumeaux noirâtres. Elle leur demanda pardon et les aligna soigneusement dans le Tupperware qui lui servait, à l’angle de l’évier, de bac à compost. Terre vous étiez, terre vous redeviendrez, leur dit-elle sentencieusement en guise de prière au moment de refermer cette tombe imaginaire.
Les semaines s’écoulèrent. Les plantules s’étaient développées avec une vivacité inattendue. La vieille dut, le cœur lourd, procéder à une deuxième sélection. Le choix fut plus difficile. Toutes les jeunes tomates étaient vigoureuses, toutes avaient le même nombre de feuilles, et toutes faisaient la même taille. Comme elle prenait soin de tourner le pot d’un quart de tour chaque matin, derrière la baie vitrée, aucune tigelle ne s’était trop inclinée ni tordue dangereusement pour aller chercher les rayons du soleil. La même cérémonie suivit l’extraction d’une dizaine de pieds beaux et sains, à peine moins que leurs frères et sœurs, avec lesquels ils entrelaçaient déjà leurs racines, avides des mêmes particules nutritives dans le petit pot. Le même alignement dans le Tupperware sur l’évier se déroula silencieusement, mais le bout des plants dépassait de la boîte, comme les pieds d’un cercueil trop petit.
On était en mai. La vieille tâtait le fond de l’air sur son balcon et se décida. Elle descendit à la cave et fouilla, à la lumière de l’ampoule jaune clignotante, dans le fatras moisi pour y dénicher des pots. Un petit, un moyen, un grand. Elle les mit les uns dans les autres et remonta au troisième étage sans ascenseur, doucement vu son âge, et péniblement vu les trois pots emboîtés, coincés sous le bras qui ne tenait pas la rampe d’escalier. Dans le salon, elle replia un peu l’extrémité du tapis de famille afin de ne pas le salir et entreprit de verser du terreau dans les récipients ocres. Elle devait encore une fois choisir, trois plants cette fois-ci, parmi ses bébés qui tous, indubitablement, voulaient vivre. Elle frôla ses rejetons du bout de ses doigts fripés, les caressa, se justifia de mille et une manières. Vous êtes frères et sœurs, l’important, c’est que votre famille survive. Ne vous inquiétez pas, vous serez recyclés en bon compost. Qui sait, peut-être, plus tard, vous redeviendrez de belles tomates à votre tour. Elle en saisit trois, les yeux fermés, et ré-inhuma les autres, pliés en deux, dans la même boîte de plastique hermétique. Les trois plantules reprirent comme si de rien n’était, se faisant à leur nouveau logis, plus spacieux que le précédent. La mi-mai s’avançait, avec son lot de belles journées et de lumières uniques. La vieille décida de sortir ses trois jolis pieds quelques heures par jour sur la petite table rouillée. Une table ronde installée à demeure au balcon, et chargée de souvenirs. Elle et son mari aimaient y boire un café, lire le journal et contempler le ciel qui changeait. À une autre époque. Il y a bien longtemps. Depuis, elle cultivait les fleurs. Une façon de faire revivre le défunt, à travers une forme de vie différente, de préférence végétale.
Juin commença. La vieille femme ne rentrait plus les trois pots. Les jeunes plants de tomate passaient nuits et jours sur le balcon. Orienté plein sud, à l’abri du vent, celui-ci offrait des conditions favorables à une culture urbaine, au troisième étage d’un immeuble des années 70. Les pieds avaient tellement grandi qu’elle avait dû les tuteurer avec des tiges de bambou trouvées un samedi au marché. Elle avait pincé, sans la moindre once de méchanceté, les pousses latérales, et déjà, les rampes s’ornaient de fleurs jaunes prometteuses. Cependant, la croissance des tomates noires de Crimée était inégale. La vieille avait aligné ses pots sur la table ronde et les avait placés dans l’ordre : petit pot, moyen pot, grand pot. Ce qu’elle avait sous les yeux aujourd’hui, c’était l’histoire de Boucles d’or et les Trois Ours, ce conte qu’elle avait lu maintes et maintes fois à ses enfants et petits-enfants. Le décor de Boucles d’or matérialisé. Un petit pied de tomate dans le petit pot. Un moyen pied de tomate dans le moyen pot. Et un grand et très vigoureux pied de tomate dans le plus grand pot, pour ceux qui n’auraient pas compris la logique du conte. Elle s’assit en face de ses trois rejetons végétaux et réfléchit sur le sujet. Elle avait tout son temps. Contrairement aux jeunes, aux actifs, aux employés, aux salariés, à toute cette catégorie de gens obligés de courir pour vivre, se nourrir, ou seulement avoir le sentiment d’exister, elle pouvait s’asseoir, seule, des après-midis entiers si elle le souhaitait, sur sa chaise de bois, face à la table rouillée et méditer aussi longtemps qu’elle le désirait. Elle laissa vagabonder ses pensées vers les trois tomates et les trois ours de Boucles d’or. Indubitablement, les plantules, identiques au départ, s’étaient développées et différenciées en fonction de leur récipient. La grande a l’air bien plus à l’aise se dit-elle. Sa tige, plus haute, avait étendu de part et d’autre des rameaux forts et longs. Dès le mois de juin, ses fleurs jaunes, fécondées par les bourdons du quartier, s’étaient transformées en petites vésicules vertes, d’adorables mini tomates au cœur en étoile, alors que les fleurs des autres pieds semblaient toujours attendre la bénédiction d’une abeille. Elle avait dû espacer ce pied de ses voisins, le décaler de quelques centimètres vers le bord de la table, pour que son feuillage ne nuise pas au développement de la fratrie.
Les semaines filèrent et l’été s’installa. La petite vieille arrosait avec dévotion ses trois pieds de tomates, qui requerraient plus d’attention à eux seuls que toutes les fleurs de son balcon réunies. Pétunias et géraniums, bien connus, avaient moins d’intérêt à ses yeux que ses trois ours de conte. Elle ajouta du terreau à quelques reprises, tuteura de nouveau, sépara les axes principaux en deux branches secondaires, pinça encore les gourmands et autres rejets sauvages. Elle accrochait avec de la ficelle à rôti les rameaux sans serrer trop fort, pour ne pas meurtrir les tiges délicates. Elle tournait régulièrement les pots afin que toutes les feuilles reçoivent le soleil à tour de rôle. Comme elle ne partait plus en vacances depuis longtemps, elle n’eut pas à demander à sa voisine de passer arroser ses plantes et par ailleurs, n’avait qu’une confiance limitée dans la capacité de celle-ci à aimer véritablement les fleurs, et encore moins les légumes. Elle imaginait déjà sa réaction méprisante. Des tomates ? Mais enfin, quelle idée ! Ça ne fleurira pas votre balcon! Il y en a de très bonnes le samedi au marché, pourquoi vous donner tout ce mal ? Se donner tout ce mal. Hi hi ricana-t-elle, pour elle seule, comme c’était le cas depuis quinze ans déjà. Justement. Tout est là, ma belle. C’est parce que je me donne tout ce mal que j’aimerai manger ces tomates, que je les mériterai et qu’elles seront, j’en suis sûre, les meilleures au monde.
Juillet. La canicule sévit plus tôt que les années précédentes. Réchauffement climatique, qu’ils appelaient ça. Encore une nouveauté. Les tomates avaient grossi, gonflé même. De lourdes grappes pendaient dangereusement au bout des rameaux fragiles. Elle tuteurait et attachait à tout-va. Les plantes des petit et moyen pots avaient presque fini, à force de soleil, de terreau supplémentaire et d’amour, par rejoindre le rythme de croissance effréné de la plus grande. Quoique, à bien y regarder, si la taille des tomates était similaire, il y en avait un nombre réduit sur leurs grappes. Ce n’était plus Boucles d’or et les Trois Ours à ce jour, mais plutôt Jack et le Haricot magique. Elle devait freiner leur envie de toucher la voûte céleste, ou du moins le plafond de son balcon. Elle avait donc décidé, après consultation des fiches jardinage de sa revue, de ne laisser que trois bouquets de tomates et de couper tout ce qui était au-dessus. Vous risqueriez d’être renversées par le vent mes chéries, s’excusa-t-elle auprès de ses belles de Crimée, avant de réduire leurs élans voyageurs d’un léger coup de sécateur à 1 m 50 de hauteur, ni plus, ni moins.
La canicule dura encore trois semaines. Les tomates marquaient des signes de rougissement, quoique discrets, et plutôt par en dessous. Elle se renseigna sur la variété. Il est vrai que ce printemps, toute occupée à découvrir et savourer sa première tomate de Crimée, elle n’avait pas pensé à en examiner l’aspect. Cette race-là ne rougissait pas vraiment. Elle restait verte, auréolée de vert sombre. Un vert sombre qui lui valait ce qualificatif exagéré de noir, un peu comme les tulipes noires de Hollande, pensa-t-elle, mais ces fleurs-là pouvaient être vraiment noires, alors que les tomates s’assombrissaient légèrement, et rosissaient seulement dans leur moitié inférieure. Il était donc difficile, pour un œil non averti, de déterminer à partir de quel moment la tomate était mûre et prête à consommer. Aussi palpa-t-elle les plus grosses tous les jours dès la fin juillet. Délicatement, pas comme ces consommatrices peu respectueuses qui martyrisent les fruits de supermarché en y enfonçant un doigt, pour en évaluer sans états d’âme le degré de maturité. En fait, elle les caressait, plutôt que de les palper. Ne lésait pas la chair. Ne poussait pas la tomate à mûrir plus vite. Respectait le rythme naturel que le fruit, paresseux sous nos latitudes, mettait pour affiner sa pulpe et développer ses saveurs.
Un matin de la deuxième semaine d’août, une surprise l’attendait sur son balcon. Le grand pied avait, dans son bouquet le plus bas, proche de la sève montante, sa plus belle tomate griffée d’un sillon brun. Que se passait-il ? Elle ouvrit, inquiète, le manuel de jardinage trouvé dans la boutique de livres d’occasion du coin. Elle lut : Les fissures sont un signe de maturité. Prochaine étape : la tomate risquait d’exploser. Rien que ça. Elle était incrédule. À peine un peu rougie, noire si on la regardait avec les yeux de la foi, plutôt d’un vert obscur en réalité, la tomate semblait lui murmurer Cueille-moi. Décidément, se dit-elle, je voyage dans les contes de fées. Mais cette tentation digne d’Alice ne présentait aucun danger : la vieille dame ne rétrécirait ni ne grandirait à la première bouchée. Elle attendit patiemment trois jours de plus, surveillant d’heure en heure l’évolution du fragile réseau de fractures ocres, le dessèchement de l’épiderme et l’attendrissement de la tomate.
Ce quatrième matin, le contact en était différent : plus souple, plus élastique et, de toute façon, le réseau fissuré avait pénétré en profondeur. La tomate pouvait éclater d’un instant à l’autre et il n’était à ce stade, évidemment, pas question de tout perdre, pulpe sortie de la plante, graines dégoulinantes, par une distraction de dernier moment, une paresse soudaine, un oubli dû à l’âge. Elle se décida donc. Remercia le pied de tomate d’avoir grandi de façon si généreuse, depuis le mois d’avril. Saisit la tomate d’une main et, avec le pouce et l’index de l’autre main, par sécurité, maintint le pédicule en position fixe. Fit tourner la tomate sur elle-même. Demi-tour à gauche, demi-tour à droite. La tomate se détacha facilement. Elle la mit dans sa paume. Grosse, luisante, les quartiers boursouflés, le fruit brillait sous les rayons matinaux. Chaude, elle semblait se blottir dans la main comme un passereau et vouloir se couler entre les jointures comme de l’eau. Elle l’embrassa, les yeux humides d’émotion.
Par chance, aujourd’hui, on était samedi. Et l’aîné de ses petits-fils, étudiant à Paris, en vacances d’été, venait ce week-end. Il arriverait pour l’heure du déjeuner. Elle ne le voyait qu’en de rares occasions. Chaque fois, il lui semblait différent. Plus grand, plus beau, plus homme. Elle imaginait aisément que de son côté, elle devait lui paraître, chaque fois, plus petite, plus ratatinée, bref, plus vieille. À moins se dit-elle, que pour un jeune comme lui, une vieille était une vieille, point final, et qu’une grand-mère restait de façon générale ce qu’elle était : un être fragile aux cheveux gris et à l’espérance de vie ridicule. Sans modification globale d’aspect : hors d’âge c’est du hors d’âge. Elle avait en l’honneur de sa visite concocté la veille son plat préféré, un poulet au curry, et se réjouissait à l’idée de lui raconter, comme quand il était petit, sa version végétale de Boucles d’or et les Trois Ours. L’histoire de ses trois pieds de tomates, qu’il n’avait pas encore vus, leur croissance, son émerveillement, la floraison, la lente maturité, l’émotion de la cueillette et l’exaltation de la première dégustation. Bien sûr, elle était lucide, leurs centres d’intérêt n’étaient pas exactement les mêmes, mais ce jeune homme de vingt ans écoutait toujours, avec une politesse réelle ou simulée, elle ne le saurait jamais, et du reste quelle importance, les gentilles divagations de sa mémé. De son côté, elle buvait de toute sa concentration possible les récits estudiantins du petit-fils et tentait d’absorber un vocabulaire mystérieux. Astramgram, Facebouq, Oueb, Gougueul, elle ne retenait pas la signification de ces mots aux consonances anglo-saxonnes, mais à force de les avoir entendus sortir de la bouche de ses petits-enfants, et parfois de ses enfants, elle les reconnaissait quand ils les employaient.
Le garçon était arrivé. La pièce à vivre embaumait le curry. Installée à la cuisine, elle fignolait sa garniture de riz basmati aux légumes et fruits secs. Le jeune homme avait apporté son ordinateur portable. Il avait toujours, semblait-il, un travail à terminer ou un courrier important à envoyer. Un téléphone portable surdimensionné, qu’il manipulait régulièrement, était posé sur la table à côté de l’ordinateur, entre leurs deux assiettes qu’il avait repoussées légèrement pour s’installer. Comme décoration, et apéritif d’honneur, elle avait déposé, sur une adorable soucoupe de faïence peinte, la première et unique tomate, cueillie le matin même. La belle de Crimée luisait et paradait, reine de la journée. À ses côtés, un bol de chips et une assiette remplie de cacahuètes. Il adorait ces saletés-là, elle le savait. Le gamin puisait dedans tout en travaillant. La vieille femme n’avait encore rien dévoilé et attendait l’apéro pour narrer son conte végétal.
Les légumes parfumés à la coriandre, la cardamone et l’anis étoilé étaient cuits. Les raisins blonds de Corinthe, moelleux à souhait. Elle sortit de la cuisine, prête à entonner gaiement le traditionnel À table !, comme elle le faisait il y a longtemps, dans une autre vie, bien que le fiston y fût déjà, afin de signaler poliment qu’il était temps de plier et de faire disparaître les noirs instruments technologiques de l’espace du déjeuner. C’est alors qu’elle la vit. Sa main droite. En train d’attraper la tomate. La tête, elle, n’avait pas tourné et les yeux restaient fixés sur l’écran. La main du jeune homme avançait au jugé, dans une trajectoire imprécise, pour saisir la tomate. Il croqua dedans, aussi machinalement que dans les chips et les cacahuètes quelques instants plus tôt. Du jus s’écoula de sa bouche. Surpris, il l’essuya. Il joua avec quelques cacahuètes, les disposa dans son assiette en demi-cercle. Prit deux chips. Découpa le dessus de la tomate, le plaça sous les chips. Sourit, visiblement satisfait de son petit tableau. Saisit son téléphone portable, fit une photo de la composition qu’il envoya sur quelque chose comme Amstramgram. Le cercle de tomate dessinait l’affreux nez du clown. La photo était postée dans un monde virtuel. Son petit-fils attrapa la rondelle, l’avala, les yeux revenus à l’écran qu’ils avaient quitté quelques secondes. Sa main aveugle tâtonna, un peu dans le vide, en direction du reste de la tomate. La vieille compta. Un. Deux. Deux bouchées, quasiment sans mâcher. Engouffrée la tomate, l’esprit ailleurs. À peine déglutie, ou probablement encore sur la langue, il reprit une pincée de chips saveur poulet-barbecue et l’enfourna elle aussi. Il tapota ses lèvres avec la serviette et tapa quelques phrases supplémentaires dans la foulée.
La vieille ne dit pas un mot. Elle s’avança dans le salon, débarrassa la petite assiette de faïence vide et le bol de chips, vide lui aussi. L’heure des contes était définitivement passée. À table, dit-elle d’une voix un peu plus basse qu’à l’accoutumée. Je t’ai préparé un poulet au curry, mon chéri.
© Isabelle Lebastard